Il nageait mais pour aller où ? Il nageait parfois à genou Dans les flaches d'évanescence Où s'était noyée son enfance Quand il étreignait le soleil Dans ses miroitements houleux, Il se plongea, aventureux, Dans la rivière aux eaux vermeilles Où psalmodiaent quelques sirènes Fascinantes comme des reines, Il voulut, à contre-courant, Remonter un torrent violent Qui désirait tant l'écraser Sous le poids d'une destinée. Il sillonna les flots du fleuve Qui charriait les larmes des veuves En cherchant à les consoler, Il se heurta aux lourds rochers, Quand il atteignit l'estuaire Que s'approchait le rude hiver, Il sut qu'il lui faudrait choisir Prendre le large et s'évanouir Dans l'océan aux vents éternels, Où tous les rêves des mortels Flottant sur l'aile des goélands Vont célébrer le jour naissant Où retourner vers le ruisseau Et attendre comme un barbeau Que vienne le prendre au filet L'obscure dame sans regret.