Chaque jour, je viens attendre ici Mais il ne se passe rien, Plus rien n'arrive qui n'est déjà arrivé, Les jours oscillent sur cette balançoire Que le vent pousse de ses mains hurlantes. Tout ce que j'ai vu disparaît Puis revient sous une autre forme, Tout ce que j'ai entendu Se répète le long des quais déserts, Parfois quelques fantômes Attendent un ticket à la main Un train qui n'arrive pas, Parfois, ils me parlent Mais je ne les comprends pas, Les morts ne nous apprennent rien, Leurs yeux vides laissent passer les nuages Qui emportent les siècles au-delà du fleuve Où tout s'oublie dans un long sommeil. N'y a-t-il donc personne au bout du chemin ? Un jour à force de parcourir les rues Qui s'enlaçaient de long en large, J'ai enfin croisé une file de gens qui attendaient Devant un cinéma, Je me suis précipité vers eux le coeur ballant, Ils n'avaient pas de visage Et la salle était fermée ! « A quoi bon ! », leur ai-je crié, Alors, ils se sont dispersés comme des corbeaux Dans leur frac noir Et j'ai recommencé à attendre Tandis que passaient les heures Dans un tourbillon de feuilles jaunes.