C'est sur la lande lugubre et ses noirs étangs Où un silence de deuil se noie dolemment Qu’on le voyait errer le corps en tremblement, La toison hérissée, l’œil injecté de sang.
Cherchant à assouvir ses pulsions assassines Qui l’incitaient les nuits à semer le carnage, Quand Séléné* là-haut se montrait en gésine Dans son éclat spectral, sa nudité sauvage.
Qu’avait-il donc commis pour un tel châtiment Lui, naguère princier dans son fief, si puissant , Aimé de ses sujets, cernés de courtisans, Comblé par ses amours comme un grand conquérant ?
Il avait pourchassé dans les forêts livides, Toutes épouvantées par de longs hurlements, Cette louve blanche féroce et impavide, Répandant la terreur dans les hameaux sanglants.
Quand il parvient enfin à occire la bête, A sa place il trouva une dame défaite, A l’agonie, elle maudit son meurtrier Désignant de sa main la reine des sorciers.
« Elle me vengera et tu seras damné Car j’étais sa fille, Hécate est mon nom**, Lorsqu’elle brillera dans le ciel moribond C’est toi qui deviendra la bête que j’étais.
Mais tu seras conscient de la métamorphose, Humain tu resteras ce bipède morose, Associé à la mort par tes crocs enragés, Tu verras impuissant toute ta cruauté ».