« Donnez-moi un masque et je dirai qui je suis » Jubilait le dandy dans sa geôle à Reading, Lupercales, bacchanales ou saturnales, Combien de carnavals, combien de mascarons Aux secousses d’orgies, de plaisirs clandestins? Pulsions assassines, pétulance amoureuse, Diablesse émotive, fourberie noctambule, Qui se dissimule sous ces chafouineries Quand finit la bamboche au point du nouveau jour, Qui se souviendra donc de ce qu’il a été Sous son loup inquiétant à l’heure des parades, Le masque protège-t-il notre identité Du regard de l’autre qui pourrait l’infecter, A moins qu’il n’explore d’autres virtualités Qui gisent en secret au fond de nos cavernes, Peut-être permet-il de cacher ce défaut Que l’humain doit porter comme un trop lourd fardeau, Ce supplice constant de savoir qu’on est rien, Que la conscience est vide et les rêves avides, Ce que nous pensons être a-t-il l’évanescence D’une courte saison perdue dans les nuées Telle une étoile morte encore illuminée, Sommes-nous l’image d’un passé révolu? Nous serions si nus sans ces quelques artifices Nous aurions si peur de n’avoir qu’un visage.
En ces temps de détresse où la vie sur un fil Tangue fâcheusement au-dessus de l’abîme, Qu’il lui faut affronter l’invisible ennemi Sans cesse assaillant, serviteur du néant Combien pour se sauver, de masques faudra-t-il?