Les voyageuses du matin Ont le regard perdu au loin Vers les hautes falaises blanches Où tant de souvenirs s’épanchent, De ses vigoureux coups d’archet Le vent réveille leur passé.
Leurs cheveux emmêlés au lierre, Au bord de la douce rivière Elles tressent des chants d’amour Qui volent vers la tour brumeuse Où planent d’inquiétants vautours, Où ricanent les pies voleuses.
Dans les combles où se morfondent Les Grands Ducs des rêves enfouis, Leurs voix éveillent à la ronde Les ombres des amants transis Qui traînaient dans ces vieux bahuts, Dans ces courriers de cœurs perdus
Qu’elles lisaient le soir venu Sous les murmures des chandelles En songeant aux beaux inconnus, Dans de lointaines citadelles, Penchés sur leurs rêves fiévreux Avivés en lettres de feu.
Les voyageuses du matin Ont contemplé Vénus au loin Qui chaque jour s’éloigne un peu Et emporte leurs amoureux Pour la dernière traversée Quand la bougie se fait fumée.