Les lendemains qui chantent sont un passé récent Que le présent ignore quand il poursuit le temps, Le prophète est aphone, son écho impatient, Lui ,l’amnésique, se répète tout le temps, Qui prendre la parole au cénacle des sourds-muets, Qui dansera la Java au bal des mutilés? Tu conjugues l’amour au futur du passé Mais à quelle personne, dis-moi qui donc le sais? Qu’a-t-il dans sa valise si lourde à porter? Tout ce qu’il a défait et ce qu’il n’a pas fait, A moins que ce ne soit la simple peur d’exister, Le passé se souvient d’un futur si prochain Que déjà le présent l’a rejeté au loin, L’oasis tant rêvée ne devient-elle pas désert Quand le réel s’empare du vaste imaginaire? Les lendemains s’en vont au gré de la rivière Quand les mortes saisons se rappellent d’hier, Les spectres des anciens jours cherchent leur avenir, En vain, sur le manège, ils se mettent à courir, Ce qui advint un jour ne pourra plus s’offrir Sinon par un oubli que nul ne peut prédire.