Attends-moi là dans ce port d’ombre Où brillent parmi les décombres Les étincelles essoufflées De ces amours si délaissées, Je t’emmènerai en croisière Vers ces îles en somnolence Et leurs fontaines de lumière Dans un ciel en incandescence. Nous y traverserons les âges Sur l’océan aux cents visages, Nous baignerons nos pieds impurs Dans cette eau où naît le futur, Dans l’archipel des voluptés, Nous croquerons quelques fruits mûrs Quand le serpent innocenté Aura rejoint le bel azur. Puis, sur le sable calciné, Nous cisèlerons, amoureux, Un message en lettres de feu Pour y piéger l’éternité. Quand un jour viendra l’ouragan Et ses frelons assourdissants, Tu lui joueras du violon Avec comme archet ma passion, Alors la lune en frénésie Versera son argent en pluie, Nous serons ainsi millionnaires Comme ces antiques corsaires, Avant de suivre notre flamme Là-bas, parmi les hautes lames, Avant de ravir le bonheur Et ne plus revenir à l’heure.