Parfois de sa corne de brume L'âcre camarde nous réclame A travers les fondrières de l'angoisse. Courroucés, nous emportons nos bagages, Lourde chimère grevée des ossements De nos passions funestes, Et, autour du cou, camouflé Par nos furtives parades Le talisman désuet des magies primitives. Nous traversons des forêts livides Et des prairies maléfiques, Des chutes stellaires Et des cascades aux eaux fumantes, Des collines mauves où sifflent des flûtes effrayées Où les elfes du vent tournoient en gémissant. Jamais nous ne parlons Emmurés dans nos amères présomptions, Que d'autres éparpilleront nos poussières Que d'autres s'abaisseront à de grotesques prières, Jamais nous n'écoutons dans nos tours solitaires Les inflexions des revenants que nous avons égarés. D'autres effaceront le nom de nos détresses, D'autres souffleront les monts de nos promesses, Nous voudrions hurler Mais nos gorges sont de pierre Et nous nous retrouvons, Echinodermes crispés, transpirant Dans les draps de notre banal désarroi.