Monseigneur Casimir, un pieux bienfaiteur Se permettait parfois de saines distractions Après ses confessions et ses vibrants sermons, Ses mortifications en hommage au seigneur, Il s’était découvert un sobre violon d’Ingres, Etudier sans passion les mœurs des animaux Et l’objet de ce jour pouvait sembler malingre, Deux simples araignées pendues à un ormeau. De sa crosse bénie, il retira la noire, La posa sur la toile où sommeillait la blanche, En un éclair baveux, l’amphitryon sécrétoire Se rua hérissé comme un furieux comanche. Les deux bélligérants dans leur danse de mort Tels d’ effrayants titans combattirent, féroces Avec application et manoeuvres atroces Jusqu’à l’instant fatal que désigna le sort. L’intruse de couleur en migrante faiblesse, Se figea résignée sous les coups de l’ogresse, La voilà ligotée livrée à tout supplice Sous l’oeil effarouché du buveur de calice Qui se met à songer à l’agneau innocent Immolé chaque année en serviteur souffrant. N’entend-il pas dans les buissons ces grognements, Ces chuintements visqueux dans un échos haineux, Ne sent-il pas son corps frissonner, haletant Et cette haleine acide autour des épineux, Pourquoi ne voit-il pas sous la lune crissante Cette ombre fielleuse d’une toile géante?
Casimir disparut le soir d’un bel été, Son missel balançait sur un fil argenté