Terre, sombre lagune hantée Où des grappes nocturnes déversent Le jus noir des ivresses sauvages, Sur ces hauts remparts où chaque jour, Rôdent des sentinelles aux yeux de lune, Brasse incessante la houle du temps Et ses cadavres perpétuels Qui poursuivent leur solitude. Terre maudite par les siècles Et leurs fausses espérances, Terre trahie par les astres Et leur lumière indifférente, Terre vidée par ces mains avides Dans l’ombre rouge de Satan, Terre crucifiée qui agonise Sous le cri de l’univers en ruine, Terre où pleurent les archanges Dans la souffrance des mendiants, Dévisagés sans complaisance Par ces bâfreurs impénitents, Terre, que diras-tu à cette engeance, Ces flasques héritiers du néant ? « Tu n’es pas ce que tu possèdes, Tu n’as que ce qui décède ».