Dans l'air alangui s évaporent Comme un murmure suave Les douces fragrances de la flore, Tout est indolence, pâmoison, Ivresse, exhalaison. Frémissante, la robe de l'aurore S'accroche aux églantiers, Les blancs soupirs des jacinthes Voltigent le long des sentiers, Les phalanges vertes de l'acanthe Caresse les ailes des sylphides. Voici que bourdonnent, Tel un essaim lascif, Les chauds faisceaux du soleil Que l'extase poursuit. La joie explose,vibrionne Luxuriante fusion de formes évanescentes. Au loin,le bleu miroir scintille Tel un joyau ondoyant dans l'azur ébloui Et le temps ravi se fige, Se prend à rêver de l'infini. Enfin, les nuages empourprés exhibent L'alphabet secret du désir, Comblé comme en un mirage De sa soif insatiable. Mais soudain, Un souffle noir,atroce suscite l'angoisse! Dans un grondement d'orage Apparaît terrifiant, Le regard courroucé, la lèvre amère, Les mains encore ruisselantes De la blessure divine, Nemrod, l'arrogant prédateur! Il tend, sarcastique, son arc cruel Vers l'astre solaire, Tandis que les ténèbres de l'Erèbe Déferlent, en hurlant, Vers la terre désemparée.