La vraie vie est ailleurs déclama un voyant Qui ne fut guérisseur de ses propres tourments, On ne peut dénier en cette ère opiacée Que cette sentence s’est bien réalisée.
Nous nous sommes lassés des rondes des saisons A quoi nous préférons les fades Pokémons, Comme ces iconodules en pâmoison Aux simulacres nous accordons nos passions.
Nous dansons enfiévrés sur des cendres frivoles Flottant sans mémoire sur des ruines en tôle Nous embrassons des ombres côtoyées le jour Qui maigrissent les nuits dans nos rêves si gourds.
La vraie vie est ailleurs, qu’est devenue la nôtre S’est-elle évanouie dans le miroir des autres Ces images jetées dans le puits des absences De ces corps délaissés, privés de leur substance ?
Nous donnons notre pain à de tristes idoles Qui sur des grands écrans multiplient les grands rôles, Ils nous font oublier sur notre île factice Que la vie est ailleurs mais n’est pas artifice.