Parfois, l’escalier grince Sous le poids des souvenirs, Parfois, l’un s’éveille seul Et prolonge ses soupirs. Les corridors n’entendent plus Les pas aux empreintes fantômes, L’automate de l’horloge Attend vainement les heures Ecartelées, les bras en croix, Sous les lueurs lunaires, Les lampadaires menacent Telles des méduses aux aguets Quelques insectes furtifs Tandis que les tentures frémissent Au souffle des gorges noires Des cheminées plaintives. Plus rien ne semble vivre En ces lieux ombrageux, Tous les cadres sont vidés De leur antique portrait, Sur la patère pendent anonymes Les masques abîmés Qu’ont portés les acteurs De leur morne existence. Où sont-ils donc partis, Au pays des mirages Où ils s’efforcent en vain De retrouver leur visage? Collé aux fenêtres, le mufle de la nuit Pousse des grognements sourds Et repousse l’aube jusqu’à la fin du jour. Plus rien ne meurt dans la demeure, La vie s’est depuis longtemps enfuie Avec ses bagages d’illusions, ses collections de chimères, Ses coffrets d’étoiles mortes, ses lettres d’amour scellées.
Pourtant, là, tout là-haut, Sous la mansarde pluvieuse, Dans le silence des rêves oubliés, C’est bien un battement qui sans cesse résonne, Dans le roulement des nuages en fuite, Parfois, C’est bien un coeur qui bat.