Daphnée ruisselait de beauté Comme les fleurs d’un blanc laurier Et quand de ses doigts délicats Elle caressait la rosée, Toute la prairie parfumée Vibrait sous un vent en émoi, Alors des loups aux yeux de lune Où rougeoyaient des feux sauvages Venaient de la lande nocturne, A ses pieds, lui rendre un hommage. Au loin, les vagues sautillaient, Sur leur crète, un vaisseau tanguait, Elle était, jusqu’au crépuscule Sous le soupir des follicules, A l’écoute de cette voix Qui l’avait ravie autrefois, Son capitaine aux yeux de braise Parti dans les mers islandaises.
Elle attendait sur la jetée Sous son manteau, agenouillée, La lanterne à sa main brillait, N'éclairait que de noirs rochers, Elle s'abandonnait aux larmes, Qui s'écoulaient dans le vacarme De la houle si courroucée Qu'elle menaçait Cassiopée. L'avait-elle vraiment connu Ce ténèbreux marin perdu Et s'il n'était qu'un pur fantôme Revenu du sombre royaume Hanter les nuits de l'éplorée Qui, jeune s'était égarée Et par amour s'était offerte A un diable aux pupilles vertes, Il l'avait quittée un matin Subir son malheureux destin Car désormais stigmatisée, Dans ce village, mal-aimée, Elle flambait d'une passion Où s'était brûlée sa raison.
On entendait rire sous la lune, Le démon dansant dans les dunes Qui hélait ces affreuses grées Venues voir la veuve damnée.