Ouvrez vos paupières, filles de l’aube, Bouches d’éclats arrosées de rosée, L’ombre s’enfuit sous sa sinistre robe, L’haleine bleue parfume les nuées, Promeneur, la sirène retentit, L’ancre se lève, la lune pâlit, Le feu s’est éteint dans l’âtre fissuré, Le merle s’est tu, l’amour envolé.
En vagues vertes, les prairies cajolent Les beaux faisans, enfants des arcs-en-ciel, Les peupliers aux vents accordent leur viole, Des hérons s’élancent, cérémoniels, Voyageur, écoute gémir la mer Et ses troupeaux sacrés de buffles blancs Va accueillir sur l’archipel mendiant L’oiseau blessé par une épine amère.
L’été soupire dans un champ d’étoiles, Vénus s’assoupit sous de brumeux voiles La nuit se penche sous les ponts déserts Où rôdent quelques spectres en haubert, Fossoyeur, ne pioche plus le passé, Ses souterrains se sont enchevêtrés, N’espère plus qu’il s’en revienne un jour Le merle est mort en attendant l’amour.