J’ai vu ton rêve dans les yeux du Grand duc, Ces braises d’orage où grondait le désir Comme un volcan de rage en fontaine rouge Projetée dans l’abîme aux bouillonnantes vagues, Ton ombre s’envolait, fougueuse messagère D’un rocher de rubis où sommeillaient, fossiles, Les semences d’amour patiemment déposées Par la rosée fragile des premiers matins. Voulais-tu retrouver cet enchantement Qui fit du soleil le fruit des amants, La valse des prairies sous les vents rieurs, Les poissons lunaires en torches aveugles Et les anémones, ces sorcières vertes Dont la chevelure cache un cortège D' hermites bernardins en coquille? Voulais-tu entendre la cloche millénaire Qui retentit au fond du long fleuve mauve Dans ce vieux village où le chant des sirènes Entraînent chaque nuit les marins envoutés Ou les mugissements des éléphants de mer Qui suivent le sillage des vaisseaux fantômes? Enfin, tu comprendras que chaque grain de sable Contient tous les secrets de l’univers sans fin, Enfin, tu comprendras que chaque heure passée Imprime ton image dans le miroir du temps?