Oh, quel éblouissement que ce nacre en pliure Sous ce bel incendie qui ravage l’azur ! On se consume enfin, enfants de volupté, Sur ce sable assassin de ce temps égrené.
Des sirènes ravies enlacent le grand bleu, Un Nérée muscadin force la baracca, Des tritons dans leur conque appellent de leurs vœux Ces nymphes affaisées qui calinent leur chat.
Et des vieux loups de mer à la toison huileuse Narrent leurs odyssées aux charnues Amphitrite, Deux crabes rescapés coiffent une aboyeuse Qui s’était assoupie en digérant des frites.
Quelques scaphandriers vont traquer les murènes, Les voiliers et valseurs tanguent en cabotage Tou s’anime en couleur dans un joyeux tapage, Quel bonheur d’être ici, sans souci et sans peine.
Et soudain, tout se tait, un silence oppressant Ecrase les badauds dans le sable brûlant, Ce n’est pas un poisson sur les flots indolents Ni une installation, c’est le corps d’un migrant.