Je te confie mes yeux, Pour un nouveau regard, Chasse tous les nuages De ma sombre mémoire Et rends lui la lumière Qui danse sur les neiges Quand s’envole l’effraie Vers les canyons lunaires. Je te confie mes mains Efface leurs sillons Qui ont bu la détresse De grandes illusions Donne- leur la vigueur De sculpter dans les vents Tous ces mots exilés Qu’ont rêvés les amants. Viens reprendre ma voix Rappelle-lui ce langage Quand frémissait de foi Ce monde de passage, Quand tombaient les étoiles Sur des prunelles en feu Cachées dans les forêts Où nous cherchions les Dieux, Ranime ce visage Où passent tant de nuits Dans leur calèche noire Aux chevaux sans sursis, Que ton souffle sauvage Au loin les éparpille. Je te confie la mer Laisse-là m’emporter Sur ses vagues si claires Vers tes îles enchantées.