J’ai tant rêvé de voyages, De cités aux splendeurs éternelles Où logeaient les ombres du divin, Samarcande que la lumière A sculptée en coupoles d’or, Sur les porches entrelacés d’étoiles Et de vitraux fulgurants. Borobudur, ses cloches de pierre Où résonnent les échos des siècles En tourbillons incessants Dans le sommeil impassible Du Bouddha ahimsà, Les pierreries de l’atoll, Ces colliers d’une reine folle Ciselés par des méduses Flamboyant dans les abysses, Les fracas incandescents des cascades Aux rugissements de panthères Tandis que s’enfoncent dans les eaux fumantes Les fantômes furieux des conquistadors. J’ai tant rêvé d’évasion, Les cyprès rouge de l’Alhambra, Ses fontaines aux murmures de sultane, L’envol des flamants rosés nés Dans les forges du soleil, Angkor! Tes avalanches granitiques Et leurs théogonies hallucinantes, Les sanctuaires aux arcanes sombres Où rôdent des avatars dépouillés de leur gloire. L’odieuse ruche romaine gorgée de gémissements, Hérissée de crinières hurlantes dans des flaques cruciformées de sang.
Dérisoires fascinations des puissances, Théandrie dévoyée aux sortilèges cruels, Que valez-vous quand sur un seul visage Dans son absolu dépouillement Apparaît, irréductible, l’amour de la création. Que valez-vous quand sur un seul visage Dans son unique dénuement Apparaît, indicible, la création de l’amour?