Adieu belle frégate Gonflée de mes désirs, Sur la mer écarlate Où le soleil expire, Soulève quelques vagues Que hantent mes désirs, Ces souvenirs si vagues Qui m’ont tant fait frémir. Je n’ai plus d’autre attente Que ce souffle marin Qui annonce l’andante De mes derniers matins. Laisse sur la proue où songent les goélands Ce visage brisé qu’a martelé le temps . Que flotte en haut des mats ce drapeau défraîchi Où figurait un nom que la bise a terni. Adieu belle frégate Emmène mes amours Sur cette mer d’agate Vers l’île aux belle-de jour. Puissent-ils y rajeunir Quand la rosée soupire, Que l’aigle étend son aile Sur une aube nouvelle. Je n’en ai plus besoin Pour affronter le sort Que nous, pauvres humains, Blâmons comme un ténor. Laisse-moi contempler avant le crépuscule L’envol iridescent des fines libellules, Laisse-moi recouvert d’une marée d’étoile Qui entraîne mon corps comme un frêle pétale.