Oman marche dans l'avenue Comme on lui a appris Là-bas, il va tourner Un train va passer Des yeux collés à la vitre Vont regarder Oman attendra Que les barrières se lèvent Pour continuer la tête baissée Quelques mètres de cailloux froids.
Les sentes sont hérissées de mots mutilés Des cendres mouillées Se plaquent aux semelles trouées La lune se détourne de la nuit Il y a des gens sur un pont Qui regardent une image floue Les cigales filent les nuages Entre leurs pattes incertaines
Sur le pont il n'y a plus personne Seulement un gant oublié Que regarde une image floue
Oman marche dans la rue, comme on lui a appris Il est tard La lune se détourne de la nuit Oman effrite quelques feuilles étiolées entre ses doigts Il va rentrer chez lui La porte en chêne est plus dure que sa tête Il sourit Il retire son chapeau, le plie avec soin et le glisse Sous un cintre de bois Des chats grattent à la fenêtre en miaulant Un chien aboie sur le perron Il n'ouvre pas car il n'aime pas les chiens Quand sa femme viendra lui reprocher De rentrer si tard, il ne répondra pas Il n'aime pas sa voix Quand Oman mettra le feu à sa maison Il ne dira pas pourquoi Il n'aime pas les questions.