Pourrons-nous la trouver, la clef de notre amour Ces notes accordées qu’on chanterait toujours Le long de ces allées où passent les beaux jours Qui longent les vallées dans l’espoir d’un retour ?
Le do est trop parfait, rien de vient l’altérer Comme un soleil de mai dans l’azur lumineux Ou la grive des bois qui s’en va chaparder, Il y manque, hélàs, les drames ténébreux.
Le ré en pur canon vibre jusqu’aux alpages, Enlace la toison du troupeau des nuages, Enivre les vitraux des fières cathédrales Il y manque, hélàs, quelques langueurs fatales.
Le mi est si poignant qu’il brise le cristal Où s’était réfugié le regard des amants Qui fuyaient apeurés les sévices des ans, Il y manque, hélàs, ce soubresaut moral.
C’est dans un miroir bleu que le fa se contemple, Il est si radieux qu’il magnifie les temples, Il égaye la rivière où s’ébattent les truites Il faut en convenir, il y manque une suite.
Sur le sol généreux où poussent les vergers Venaient baguenauder les dryades légères, Un nouveau monde ainsi s’offrait à leurs baisers , Peut-être y manqua-t-il une figure austère.
Là-bas, dans le lointain, courent sur l’herbe fraîche Les doigts d’un vent violent où s’enroulent les mèches Des comètes perdues dans l’océan de la nuit Peut-être y manque-t-il quelques larmes de pluie.
Le si est un conteur d’ histoires pathétiques Où meurent des violons dans des brumes tragiques Où se sont égarés les orphelins lunaires C’est il faut bien le dire une drôle atmosphère.
Ainsi ce fameux orchestre aux mille clefs magiques N’aura pu retrouver la partition lyrique, Ni messe ni fugue ni cantate ni lied Ne pourront exprimer l’amour inachevé.