La maison où l’on n’entre pas A gardé toutes les ombres Des fantômes du passé Enfui en vaine fumée, Parfois quand siffle la bise Dans la chevelure des ormes Furieux comme des gorgones Que darde une lune rouge, On voit des formes qui bougent Sur un mur crépi d’ulcères, Ce sont les spectres brumeux Des infortunés pensionnaires Qui viennent mimer, piteux, Certaines heures mémorables De leur existence probable Où ils croyaient en courant Qu’ils dépasseraient le temps. Mais les gradins sont tous vides Sous ce luminaire livide, Si ce n’est quelques orfraies Croquant des osselets creux. Puis quand la nuit lève l’ancre Sur un ciel en vagues blanches, Les comédiens poussiéreux Du spectacle désolant S’évanouissent en silence Dans la mémoire du vent.