Hurle, hurle, horrible gorge du nordet ! Dans ces landes châtiées, couronnées de bruyères, Leurs épines griffent le sol martyrisé Qui saigne en gémissant sous un ciel en colère.
De sombres bigotes quittent le presbytère Où le courroux divin a longtemps retenti Dans ce clocher fêlé, patiné de poussières, Qui volent lourdement dans les airs déconfits.
Les prairies semblent fuir de terribles menaces, Des nuages fielleux inquiétent l’horizon, Quelques chiens angoissés se plaignent, en disgrâce, Des ombres géantes piétinent les chardons.
En haut de la colline aux sapins rachitiques Qui implorent en vain l ‘aumône du soleil, Un manoir ténébreux affronte, hiératique, Les outrages du temps qu’acclament les corneilles.
Des griffons vermoulus, des lions écaillés, Sur leur tambour usé, inspirent la pitié, Un haut porche bée telle une bouche malsaine Où viennent s’engouffrer tant de voix souterraines …
La vaste demeure se meurt de solitude, Les fenêtres n’éclaire que des pièces vides Où se traîne un passé réduit en servitude, Où s’envolent les ailes d’une éphéméride.
Un austère caveau prolonge la maison Un pauvre voyageur y lit avec douleur : « Ci-git trois nobles cœurs , trois soeurs pour le malheur, Les Hauts de Hurlevent étaient leur horizon ».