Deux fienteux tourtereaux sur un zinc olympien Se chamaillaient les faveurs d’une miche de pain Le lauréat empanaché paradait autour de son butin S’affairait, virevoltait, picorait sans fin. L’autre tantôt sournois, tantôt téméraire Tentait vainement d‘arracher au cruel propriétaire Son trésor de guerre. C‘était l‘ancien régime, la brioche de droit divin Pour qui l‘on martyrise la galeuse roture. Parfois sûr de sa régalienne stature L‘élu de Dieu s‘en allait provoquer taquin L‘éternelle victime de l‘aveugle destin Faisant miroiter ses augustes privilèges Cachés dans son tréfonds caudalement situés. Ces chassés-croisés composaient un manège Ballet comique de ballots emplumés Qui oubliant l‘objet de leur rixe Poursuivi poursuivant derrière devant S’éloignaient en lorgnant le joyau convoité. C‘était enfin la République Le temps béni de l‘égalitaire Guillotin Au sacré inaccessible en souffrance Succéda la très saine concurrence Bientôt d’autres toqués des villes Descendirent dans la rivale arène Cherchant quoi donc ? On serait bien en peine Ça se confondait, se mélangeait Ça roucoulait, sosies certains d‘être distincts. Mais l‘observateur mal a visé Troublé par cette fantastique scène En oublie l‘ultime volaille Qui profitant de cette belle pagaille Emporte la mie prédigérée Et la rend au céleste boulanger Ce furent les temps messianiques Où les Dieux envoient leurs messagers Réconcilier les malvenus, les parvenus Et les prévenus sans avenir. Mais tous munis comme démunis S‘en trouvèrent bien insatisfaits Dans le fond un peu comme ils l‘étaient Avant le passage du boulanger.