Le baron Samedi gavé de pissenlit, La redingote blanche et le galurin beige, Les yeux exorbités de son crâne poli, Est venu saluer avec ses sortilèges La maman Brigitte qui dorlotte les coqs Et les dagydes en cire percées d’aiguilles. Ils vont à la noce mastiquer du manioc, Bacalou se marie avec Miss Erzulie, La mambo se déhanche et le Hougan sautille, C’est l’heure du Vaudou, la transe des bayous!
Le baron cimetière amateur de vers blancs, Ses médaillons clinquants, son havane brûlant Et sa queue de pie qui fouette les chardons Est venu accoler maitresse Hounon’gon, Pyrotechnicienne des nobles cyprès chauves Où rôdent les alligators à l’iris mauve. Ils s’en vont au festin bâfrer de gros cassaves Papa Legba marie mami Wata la cave, Les hochets caquettent et les tambours bourdonnent, C’est l’heure du vaudou, l’orgie des marabouts!
Le baron kriminel boit son rhum vanillé Et chevauche les croix des guédés redoutés, Il trace des névés près du potomitan, Bave son fiel glauque et pousse des hurlements, Il vient baragouiner avec le grand Kalfou Qui saigne un poulet noir en mâchonnant des clous, Ils vont aux agapes avaler des rainettes, Loa Ti Jean Quinto épouse Marinette, Les flûtes frétillent, tousse un didgeridoo, C’est l’heure du vaudou, la foire aux loups-garous!
Quand la fête est finie, s’en viennent les zombies Dévorer les vivants qui se sont endormis, Quand la fête est finie, tous les zombies conspirent Il nous faudra veiller pour sauver l’avenir.