Les doges de la Sérénissime s’affligent, Les eaux glauques de la lagune se morfondent, Quelques gondoles, ces fiers cygnes noirs se figent, Le ponte dei Pugni se tord et bientôt gronde.
Pateh Sabally s’est noyé dans les hauts flots Sous les regards indifférents de vains badauds.
Orgueilleuse Thétis issue des océans Qui se dresse avec sa tiare de tours baroques, Le Tasse ne chante plus tes exploits d’antan Que viennent souiller des grouillements de nostoc.
Pateh Sabally s’est noyé sans un seul mot Avant les frasques du carnaval des falots.
Si Shylock l’usurier réclamant de la chair Auprès des ducs fauchés aimant la bonne chère Avait déjà terni les splendeurs du Titien Ce n’était qu’un prélude à l’atroce destin.
Pateh Sabally s’est noyé de tous ses maux Alors que ricanaient de hideux animaux.
Peut-être cherchais-tu le bon Samaritain Dans la cité lacustre où prient de bons chrétiens Pourtant ce sont les flèches du saint Sébastien Qui ont transpercé ton pauvre cœur d’Africain.
Pateh Sabally s’est noyé dans ses sanglots Sous les masques des loups qui ont hurlé haro.
Mais si là-haut tu es près du père éternel Puisse-t-il te montrer en dessous de son ciel Cette Venise s’enliser dans ses canaux, Couler au plus profond de ses fétides eaux.