Elle est arrivée au village Recourbé sous les vents sauvages, Qui, de leurs gorges invisibles, Crachaient des tourmentes terribles, Les peupliers décharnés Entre leurs doigts morts serraient Quelques larmes blanches Tombées d’un ciel pervenche. Au loin, de sombres grondements Annonçaient l’hiver effrayant Qui rudoyait quelques rochers De leur long souffle forcené.
Elle est arrivée au village Et sa harde de rennes blancs, S'amassait comme un lourd nuage Autour d’un furieux ouragan, Les clochers engourdis Tremblaient dans leur agonie, Le vieux moulin noir, Ce crucifix criard, Tournait comme un corbeau blessé, Tournait dans l’air désespéré. Au loin, de sombres grondements Annonçaient d’horribles tourments.
Elle a dévalé le village Et sa longue crinière pâle Hurlait une plainte sauvage Qui se dispersait en rafales, Les pêcheurs hébétés, Sur leur toit en vain criaient Dans leur grand délire, Debout sur leur navire Ils jetaient leurs harpons cruels, D’un œil avide et démentiel, Croyaient voir la baleine blanche Là où fonçait une avalanche.