Sur les ponts, nous errons et tombons quelquefois, On voudrait s’arrêter mais le temps n’attend pas, L’ombre des souvenirs et ses ailes géantes Dans un ciel en soupir vainement se lamente,
Fantômes d’un instant qui en brume s’en va Vers les eaux du Léthé où se noient les émois, Chaque jour, les déserts nous envoient leurs mirages Qui viennent conforter notre éphémère image,
Sous les ponts où défilent des cadavres d’amour A qui l’on chuchotait :« je t’aimerai toujours », L’éternité n’était qu’un battement de cil Qui parfois s’animait au fond de notre exil,
Alors, nous reprenons nos routes dévastées, Ces sillons de douleur qui traînent sous nos pas, Déjà nous avançons au milieu de fumées Vers cet ultime pont dont on ne revient pas,
Et nous qui désirons sans fin dans l’ impatience Oublier les tourments de vaines existence, Faut-il se contenter tels ces gens du voyage De suivre librement la ronde des nuages?