Un piano sur la neige accroit mon désarroi Quand tournent les arpèges tout au fond de moi, Le brouillard sur le givre avive ces douleurs Que je dissimulais pour conjurer mes peurs.
Un vol de corbeau freux s'abat sur l'étang blanc Tandis que je perce la glace immémoriale Pour trouver l'image d'un passé lancinant Où j'avais appris que tout amour est fatal.
A quoi bon s'exalter sur la fleur délicate Qui sera arrachée par l'atroce ouragan, A quoi bon contempler le soleil écarlate Puisqu'il sera noyé dans le sombre océan !
Un piano sur la neige aux cordes oxydées Gémit en disgrâce sa plainte dissonante Et mon coeur fracassé sous le froid des années S'enfonce pesamment dans les eaux bouillonnantes.