Les feuilles tremblent sous les gouttes de rosée Comme des paupières en larmes étouffées, La nuit a replié ses voiles funéraires Qui emportent au loin les promesses d’hier.
Une aurore nouvelle ouvre son éventail Qui rafraichit mon front aux cheveux en bataille, Un oiseau en passant jette un cri mélodieux, Un klaxon dans la rue lui répond disgracieux.
Quelques éclats de voix transpercent les nuages Où mon rêve accroché s’éparpille en images Comme un vitrail brisé dans un temple désert Dont le sens morcelé restera un mystère.
Les harpes du vent vont vibrer sur les trottoirs, Bientôt, je rejoindrai ce cortège hagard, Qui marche vers ces trains ne menant nulle part Sinon dans les couloirs d’un même cauchemar.
Pour sans cesse rejouer cette scène éculée Dans ce décor miteux à l’air conditionné, Où chacun épie ce que l’autre a oublié, Où chacun se regarde comme un reflet fêlé.
On contemple parfois la mer qui se balance, On se rappelle tous de la joyeuse enfance Et on se met à fredonner cette chanson Que nos mères nous chuchotaient dans un frisson.
« Il me reste de toi, mon soleil, mon amour, Ce visage radieux sur la photo d’un jour, Je sais qu’il n’y a que ce pont à traverser Pour te rejoindre enfin et ne plus te quitter ».