J’aurai de ta voix tant appris, douce Chimène, Ces récits immortels que tu confiais aux roses Quand l’aurore alanguie aux cloches tibétaines Se réveillait enfin dans ses métamorphoses.
Ces mots qui enrobaient d’un éclat scintillant La neige écumeuse de l’immense océan, Quand des vaisseaux glissaient sur le gouffre interdit En quête d’un amour au bord de l’infini.
Ta voix qui murmurait aux forêts de la nuit Dans un souffle léger ces secrets fascinants, Ceux qui ont présidé à éclore la vie, A porter la semence aux déserts accablants.
Car, belle Chimène, mère de tous les âges, Tu fus, dans mes rêves, cette voix sans visage, Chaque jour, elle offrait dans mon chaos errant Un délicat soupir qui chassait le néant.