Tous prisonniers de la douane tragique du temps, Ils attendent à la frontière le prochain équipage, Certains ne savent rien et se taisent, D’autres parlent seuls dans le silence Certain se pressent comme des accordéons dissonants, D’autres chassent les étoiles filantes Avec leur filet à papillon. Il y a des intrus qui cachent leur visage Pour ne pas être vu, D’autres, connus de tous mais qu’on a oublié Et qui font vainement des signes aux mouettes, Des enfants aux genoux écorchés Poursuivent leur rêves, Des femmes aux pupilles en éclats d’onyx Affrontent les furieux ouragans Qui saccagent leurs espérances, Certains ont tellement trahi leur passé Qu’ils ont perdu leur nom, Des sosies se regardent sans se reconnaître, Des frères arrachent leurs liens Pour ne plus être prisonniers d’eux-mêmes Et les amis ne retrouvent plus Ce qu’ils s étaient donné…
Ils attendent, impatients de partir Très loin, vers d’autres rivages, Là où rien ne les décevra Mais les barrières ne se lèvent pas A la douane tragique du temps.