Est-ce toi qui s’en va dérober les étoiles Et m’offrir en bouquets ces purs joyaux d’Hécate? Etincelles d’amour que tu volas, pirate, A ce Dieu vagabond aux fortuites escales,
A bien y regarder, ce n’était qu’une fable Si vite éparpillée dans la vallée des âges Car il nous faut la foi sinon c’est un outrage: L’or des yeux tant aimés devient larmes de sable,
Qui peut donc se saisir des foudres de l’orage, Les loger dans son coeur comme un feu dévorant Et puis courir l’amok non pour d’affreux carnages, Mais pour un visage qui figera le temps?
Quel Orphée en enfer n’aurait pas espéré Revoir un seul instant son amour au passé Mais ce qui fut un jour sera sans lendemain Comme une caresse s’échappe de la main,
Adam sur son île rêva l’Eve au futur Fut-elle un automate, idéale imposture Puisque tout se corrompt, que vive l’artifice! La chair est si navrante en ses constants caprices,
Ixion, dupe au désir s’éprit de Néphélé Qui une fois nommée, disparut en nuée La passion se saisit dans ses folles ruées D’un néant façonné au fond de sa psyché,
Les amants pétrifiés qu’enlaça le Vésuve Sont-ils en vérité la seule éternité, L’image de l’amour conservée à jamais? De ce qui est vivant ne reste qu’un effluve.