Acoquinées aux queues des coqs en concurrence Les poules sans oeufs d’or crétinement caquettent Dans leur cage étriquée au coeur de la campagne, Au son des batteries, ces crasses majorettes Balanstiquent leur cul taillé en cuberdon,
Les coq émoustillés, sur leurs ergots calés, Coqueriquent sans fin, leur dorure en parade, Dans les airs accablés de relents innommables, Ils déploient leurs ailes aux couleurs des fauvistes,
Le bec braqué sur le rival qui se hérisse, Le cou dodelinant, la pupille vitreuse, Tels des Quasimodo claudiquant, en grimaces, Ils se ruent rubiconds sur leur alter ego
Dans une tornade de piaillements cocasses, Nos mâles belliqueux roulent dans la poussière, Leurs pattes acérées lacèrent leur compère, Puis, aussi brusquement, les voilà qui se quittent, La crête retournée, le barbillon gonflé, L’éperon amolli, les rectrices tremblantes, Il s’en vont pauvrement dans un coin tout crotté En ayant oublié l’objet de cette rixe Pour mieux recommencer au cours de la journée Quand ils sont fatigués d’avoir trop picoré.
N’ont-ils donc pas compris qu’ils sont sur la sellette, Qu’un long câble en acier, une lame affutée Viendront les soulager de leur vaines querelles ? S’il ne faut comparer le sort de ces crétois Aux nobles destinées de nos altiers bipèdes, Il m’arrive parfois d’entendre dans leurs voix L’écho coqueliné de vieux coqs qui s’empâtent.