Le vaisseau des rêves lancent vers les étoiles Ses harpons affutés aux forges du désir, Le délicieux Zéphir a bien gonflé les voiles, L’ancre bientôt levée ne cesse de gémir.
Nous appareillons vers les astres éclairés ! Nous allons valser sur les anneaux de Saturne Ou sur les bleus glaciers de l’étrange Neptune, Les secrets de Vénus nous sont tous dévoilés.
Les sables miroitants des mauves nébuleuses Gardent en mémoire le psaume fabuleux Qui réveilla le temps et l’espace orageux Où viennent scintiller des méduses brumeuses.
Nous voyageons enfin dans les constellations, Un sagittaire envoie loin ses flèches stellaires Qui touchent en plein cœur la vierge réfractaire, Le bélier courroucé mugit dans un typhon.
Un dragon ignivore aux écailles diaprées S’efforce de charmer la fille de Cassioppée, Des gémeaux malicieux chevauchent un dauphin Qui bondit tout joyeux dans les flots opalins.
Alors que Pégase trotte sur les radiants, Hercule fulmine dans les gueules de l’Hydre, Orion, aveugle, boit les eaux d’une clepsydre Et l’heure s’arrête dans le bec du toucan .
Le caméléon se camoufle tout en deuil, Céphée va s’éclipser tant de larmes à l’œil, Les pinces du scorpion enserrent un soleil Pleurant des gouttes d’or sur la lyre vermeille.
Et qui donc a sculpté ces formes prodigieuses Dans cette cathédrale où loge l’univers, Semeur de légendes depuis des millénaires Que poudroie le grand paon dans nos nuits prestigieuses ?
Mais puis vient le matin dans la chambre pluvieuse Sous un ciel maussade et des corneilles frileuses Adieu mon beau navire, adieu belle insouciance, Nous reste au fond des yeux la trace d’une enfance.