Un ciel de lambeaux bleus tourmentés Par le souffle blanc des tempêtes, Des ombres au lointain rugissant En noirs bûchers des enquêtes, Des remparts serpentent Sous les collines inquiètes, L'Alcazar frileux se blottit Comme un château de cendre, La cathédrale dresse en prière Sa couronne d'épines de pierre Où tant de fois la foi achoppa, Hirsutes, les vertes vallées Se penchent douloureusement en effroi.
Le cauchemar, Tolède, n'est pas l'orage Mais ces chambres sinistres Où des Letrados*, prestigieux fonctionnaires D'un Dieu de miséricorde, Fouillent l'hérésie à coup de tenailles, D'estrapades et de garrots, Ton paysage de colère, El Greco, Annonce-t-il quelque fureur divine Que des orgues mystiques, en échos au tableau, Appellent infiniment à l'approche des nuits?
*Universitaire
Librement inspiré du tableau du Greco :"Vue de Tolède sous l'orage".