Il y a des mots qu'on ne peut pas écrire, Des phrases qu'on ne peut pas prononcer, Des sentiments que l'on doit étouffer Des joies à asphyxier, des élans à proscrire.
Il y a des sourires qui vous déstabilisent Et des mains que l'on frôle, mais qu'on voudrait saisir Des regards partagés qu'on sait sans avenir Et des gestes soudains dont la courbe se brise.
Il y a oppressant ce creux dans ma poitrine Au fond de mes entrailles une plaie qui suppure Cette violence aigue qui sourdement me mine Et travaille en silence dans un recoin obscur.
Il y a des gestes émus qui restent dans leur gangue Des mots tendres qui trébuchent sur le lit des principes Des phrases qui s'élancent mais dont le son s'étrangle La douleur qui revient et que rien ne dissipe.
Il y a tout ces possibles, qui ne sont que des leurres Miroirs aux alouettes, morsures du quotidien, Emplâtres enrubannés sur la course des heures Que le devoir contraint à suivre son chemin.
Il y a ces heures plus calmes, où l'esprit en action, La douleur se dissout dans les obligations. Elle reste en filigrane, cachée dans la pénombre Et ressurgit parfois, laissant planer son ombre.
Il y a ce mur si dur, si solide et si haut Où s'écrasent les vagues acres de ma souffrance Que rien ne peut casser, pas même un simple mot Il ne reste qu'à vivre, meurtri, sans espérance.