Inutile
Je suis le mec qui meurt doucement dans son crâne
Asphyxié par le temps qui s'en va en fumée.
Mes idées sont confuses et j'ai l'amour en panne,
Je n'ai rien su construire au fil des années.
Je n'ai rien su donner que de vagues instants
Qui ont du s'éroder travaillés par le temps.
Je ne peux retrouver les pierres que j'ai posées.
Je n'ai rien pour construire, plus rien pour avancer.
Je suis vide de sens, vide de toute idée,
Dépeuplé de moi même au fil des années,
Je ne trouve plus rien de mes actes passés
Que des paroles trahies ou de creuses idées.
Je n'ai plus d'horizon, plus de but à atteindre,
Je n'ai plus rien de vrai, je ne sais plus que feindre,
Sourire quand je suis triste, rire quand je veux pleurer,
Sans chemin à gravir, sans combat à mener.
Je suis sec, craquelé, asséché, et tari,
Plus une goutte de sève ne coule dans mes veines,
Plus rien pour recoller les morceaux de ma vie,
L'ombre de la douleur, le voile de la peine.
Et mes yeux obscurcis par une couche grise
Peignent ce qu'ils accrochent aux couleurs de la crise,
Verts éteints, rouges noirs, bleus palis, jaunes fades,
Tout est triste et maussade sur les murs des façades.
Je meurs à petit feu, étouffé d'opulence,
Meurtri par les blessures que je souffre en silence,
Invisibles lésions qui ne laissent de traces
Que dans l'instant présent , temps qui va et qui passe.
