Tu ne seras plus jamais belle Hélène Toi la fière et hautaine Qui n'a cessé de railler L'innocence pure de mon amour d'enfant Je dépose sur tes lèvres glacées Jadis joliment ourlées Un baiser tendre pour te revigorer Mais il est déjà trop tard La lumière s'est éteinte Dans tes beaux yeux pénitents Tu ne seras plus jamais belle Hélène Toi la fière et hautaine Qui n'a cessé de me mépriser En m'affublant de sobriquets condescendants Devant tes pourceaux amants d'un soir L'accident qui t'a alité A défiguré ton joli visage de poupée Et bientôt il aura fini de déchirer Les battements de ton coeur qui n'a jamais su aimer Je dépose sur tes lèvres un mirage d'amour Car je ne t'aime plus je te jure Et je ne te pleure pas Hélène je t'assure Je regrette seulement ton ancienne beauté Dont l'éclat est fané Maintenant je vais te regarder mourir Car je veux te voir souffrir Ce que j'ai si longtemps enduré Tout ce temps passé à te voir enlacée Dans les bras de tes nombreux soupirants Mais où sont-ils aujourd'hui? Ceux qui te faisaient tant rire la nuit Nous sommes seuls à présent Comme deux vieux amants Et ils t'ont tous oubliés Maintenant que tu es en train de crever Ah! cruauté du mépris Que tu n'avais connu jusque lors Toute protégée par ta beauté splendide Qui excitait chez les mécréants l'envie Tu ne seras plus jamais belle Hélène Toi la fière et hautaine Qui m'a méprisé pour des mauvais amants Parce que je n'étais qu'un enfant O combien tu dois regretter Le temps où je t'aimais Et où je posais mes yeux innocents sur toi Car tu viens de comprendre ce qu'est l'amour Et tu regrettes le temps passé à me railler Moi le seul qui t'ai réellement aimé Tu ne seras jamais belle Hélène Et moi je n'aimerai plus jamais Car tu étais la seule Hélène Toi la fière et hautaine Que j'aimais!...