Pendu! Toi qui oscille comme une girouette Au gré des vents dominants Que vois tu de tes yeux séchés? Condamné! Toi aux pauvres bras ballants Qui flottent comme un drapeau en berne Sous la brise comme un revenant pavoisant Qu'entends-tu des bruits lointains de la ville? Pendu! Toi qui lévite sur la potence exil Des criminels bannis de la mémoire Que ressens-tu des fragrances de la vie? Inconnu! Toi dont la maigre silhouette Aux membres raidis fait peur A ceux qui sont encore vivants Que regardes-tu de tes yeux exorbités? Pendu! Toi dont le corps pourrissant Bouge étrangement sous les branches des arbres Aux ombres immenses et menaçantes Quelles prières de fou formules-tu du haut de ton perchoir? Condamné! Toi dont le visage fait la grimace En dansant une sombre sarabande Sous le chant lugubre du vent froid Quelle vengeance réserves-tu à tes juges? Toi dont la haine entravée réclame une entrevue Avec les pauvres incriminés.