Qui est donc ce noble vieillard à barbe blanche Marchant dans les champs d’épilobes près de la mer Et souriant sous les caresses du noroît ? Je suis seul et désemparé Je piétine en vain cette talle d’épilobes Et je toise avidement du regard Les champs verts tout près Je lorgne la mer bleue au loin Et plus loin encore Les rives effacées de la Côte-Nord…
Que vois-je? Je vois et contemple l’harmonie des couleurs Que vis-je? Je vis et habite dans la tranquillité du paysage Tant de silence et de beauté Devant pareille scène champêtre ! Ce paysage paisible Tout en coloris et fragrances M’inspire et m’aspire Vers l’ineffable sentier du souvenir…
Ô mémoire ! Ô réminiscences ! Le poète titille de l’œil terre et mer Scrute méticuleusement l’horizon bleuté En quête de béatitude et de paix intérieure… Le poète flaire les traces invisibles de son paternel Qui s’est envolé discrètement dans le ciel La veille d’un certain Noël… Peut-être te caches-tu dans la brindille des épilobes Ou dans l’écume tourbillonnante qui lèche le rivage désert ? Peut-être te caches-tu dans l’œil du poète rêveur Ou dans le cristallin de Dieu ? Qui sait ?
Où est donc ce père originel ? Ce papa invisible ? Ce padre envolé ? De là-haut, est-ce bien toi Qui observes amoureusement le ballet des épilobes ? D’ici-bas, est-ce bien toi Qui marches silencieusement dans les champs verts ? De là-bas au loin, est-ce bien toi Qui chevauches fièrement les moutons de la mer ?
Malgré ton départ, Malgré ton absence, Malgré ton silence, Malgré ton saut dans l’Infini, C’est bien toi, mon petit papa Et je te reconnais clairement sous les traits De ce noble vieillard à barbe blanche Marchant dans les champs d’épilobes près de la mer Et souriant sous les caresses du noroît…
(À la mémoire de mon père décédé la veille de Noël 2002)