Ah! Si loin Dans le temps moi qui frise la soixantaine J’entends toujours cette musique dans ma tête C’est la voix de ma petite maman qui fredonne Le vieil air normand Trait d’union entre ma Beauce québécoise natale Et les doux rivages quelque part près de Caen, Bayeux et Honfleur « Il est un âge dans la vie Où chaque rêve doit finir, Un âge où l’âme recueillie A besoin de se souvenir : Lorsque ma muse refroidie Aura fini ses chants d’amour » Qui croit encore à cette histoire vieillotte? Qui chante encore cette chanson vieillotte?
Ah! Si près Pourtant je l’entends qui fredonne « J’irai revoir ma Normandie, C’est le pays qui m’a donné le jour. » Ah! Si petite puce Quatre ans et quelques grainailles J’entends la voix de ma petite-fille Sur la balancelle sous les pommiers en fleurs Chanter à tue-tête à faire fuir les crécerelles Le vieil air normand « Florence, ma petiote, Qui t’a appris ce beau refrain? » Tel un gai rossignol, Elle me toise du regard avec des yeux de sarcelle Puis, toute souriante et coquine, elle déclare : « Mais c’est toi Papy! Tu me la chantes depuis que je suis toute petite! » D’un élan, elle reprend de plus bel Le vieil air normand « N’est plus beau que ma Normandie, C’est le pays qui m’a donné le jour » Est-ce bien la voix de ma petite maman Ou celle de ma petite-fille qui fredonne Et qui se fond dans le tintamarre D’une volée d’oies blanches Au-dessus de ma tête grisonnante? Ou est-ce tout simplement la voix de mes aïeux? Tant de questions et de mystères Qui se noieront dans mon verre de Calvados!
(À mes ancêtres normands et à tous leurs Descendants implantés ici en Amérique francophone)