Fleur du mal Disent-ils en te voyant Arpenter les artères de nos grandes cités Et pomper les artères des grandes personnes Du simple notaire au noble monseigneur Du jeune ado timide au vieux salaud déluré Du Monsieur-tout-le-monde au haut-gradé
Fleur du mal Disent-ils en te suivant Comme de la glu ou ton ombre Comme du jamais vu et du fruit défendu On te craint, chasse et pourchasse Pourtant on t’adore et pour un tas d’or On se pâme et tu soulages l’âme volage
Fleur du mal Disent-ils en te voyant Minauder et séduire les passants Attiser leurs appétits inassouvis Satisfaire leurs envies fofolles Brader ton cul pour quelques écus Guérir les maux du mal-baisé
Fleur du mal Disent-ils en te suivant Comme des nourrissons et des gamins En quête de frissons et de tétins En quête de sensations et de seins En quête de miettes de tendresse En quête de croûtons de caresses
Fleur du mal Disent-ils en te voyant Pourtant on te couvre de mil épithètes Graine de perversion Jouissance débridée Lubricité déchaînée Vice suprême et absolu
Fleur du mal Disent-ils en te suivant Comme des sangsues ou des requins Suçant ton sang Pétrissant tes chairs Volant et violant ta jeunesse Quémandant une dernière caresse
(À Charles Baudelaire et à toutes les péripatéticiennes du monde entier)