Ô petite bergère solitaire ! Je te vois assise sur un coteau Hérissé d'églantiers et de vipérines Et tu rêvasses à ton gentil berger Lui aussi esseulé Il porte une marguerite à sa boutonnière Et à sa bouche le pipeau Qui a tant fait quadriller brebis et chèvres Avec leurs cavaliers béliers et boucs Sur les flancs des Pyrénées Couverts d'épervières et de gentianes
Les fleurs sauvages dansent Sous tes pas qui volent à travers les prés Retrouver Pan ton amoureux Il est là qui veille distraitement Sur ses chevrettes et chevreaux Et sur ses agneaux et agnelles Tu l'entends au loin caresser la musette Et sur des airs de fête Tes pieds agiles font mille "stepettes" "Au diable mon troupeau, crie la petite bergère Car je le vois là-haut sur le coteau!"
Ô petit pâtre solitaire Ne vois-tu pas venir vers toi Ta belle demoiselle aux pieds de gazelle Et aux seins qui dandinent comme deux dines Pourchassées par des faons ? Elle s'est mise des pâquerettes Dans les cheveux qui volent au vent Ne vois-tu pas un bouquet De myosotis, de violettes et de vergerettes Mignonnes petites fleurs dans sa main droite Tandis que sa gauche lance à la volée De grandes poignées de salut retentissant ? " Continue de jouer du pipeau et de la musette Petit berger solitaire Car ta douce mie, ta drue charmante arrive ! "
Ô mon pastoureau qu'il est beau ton troupeau ! Comme j'aimerais revêtir la dentelle D'une de tes chevrettes ou agnelles ! Ainsi je pourrais paître tranquillement En silence toujours à tes côtés Et m'endormir aux sons du pipeau Et de rêver que je suis une alouette Sur les airs de ta musette Ô mon pastoureau qu'il est beau ton troupeau !
Ô ma pastourelle que tu es belle ma gazelle ! Que de fois je me vois en songe Dans la peau d'un de tes chevreaux et agneaux ! Ainsi je pourrais brouter gentillement En silence toujours à tes côtés Et roupiller tout juste à tes pieds Et rêvasser que je suis un rossignol Sur les airs de ta viole Ô ma pastourelle que tu es belle ma gazelle !