Le poème est têtu et buté Il refuse les mondanités Se fait discret Se tait Et se fait tout petit « Laissez-moi seul ! » dit-il rageur.
Le poème se cache et se terre Veut s’enfoncer sous terre S’enfouir la tête dans le sable Comme l’autruche Se fermer les yeux Se boucher les oreilles « Laissez-moi tranquille ! » éructe-t-il en colère.
Le poème se plaît dans le noir et l’absence Le poème se complaît dans le grand silence blanc De l’innommé et de l’innommable Le poème se repaît dans la prairie dorée De l’indéfinissable et de l'inénarrable « Laissez-moi en paix ! » murmure-t-il.
Le poème est las des mots et des vers Le poème rêve de repos Revêt ses habits de noce Ne courtise plus les Muses Et se laisse choir au sol pour l'éternelle sieste « Laissez-moi dormir pour toujours ! » « Surtout ne me réveillez point ! »