Moi l’ermite Regarde là-haut au zénith Une volée de bernaches Une fanfare d’oies blanches Qui claironnent au bout de leur bec Des « Con te partiro » jusqu’en Italie Aux accents de Bocelli
Moi l’ermite Déclare tout de suite Je suis l’immense iceberg en fuite Vers les mers du Sud Je suis une grande marée de silence et de néant Qui suis-je? Où vais-je? Seuls les océans déchaînés le savent
Moi l’ermite Scrute la boule de cristal petite Que vois-je? Qui suis-je? Une cervelle noyée dans le kir et le rosé Un corps enterré dans les feuilles mortes du noyer Un cœur changé en bouquet de roses et d’orchidées
Moi l’ermite Vais-je jouer à double ou quitte? Devrais-je déserter mon ermitage zarathoustrien? Saurais-je encore reconnaître les humains? Pourrais-je vivre comme eux Et être encore parfaitement heureux?