Ô Syrie ! Qu'a-t-on fait à mon pays ? Jadis il fut un temps Où coulaient le lait et le miel Sur nos terres...
Ô Syrie ! Qu'a-t-on fait à ma patrie ? Jadis il fut un temps Où coulaient le vin et l'hydromel Dans nos veines...
Puis sans crier gare, Vint l'orage Avec ses éclairs foudroyants Et ses tonnerres assourdissants. On n'entendit plus le chant des grillons ni des alouettes Mais la clameur des canons et des bombes. Adieu ! les noces et les fêtes foraines ! Adieu ! le temps des semailles et des récoltes ! Adieu ! le temps des carnavals et des réjouissances !
Ô Syrie ! Qu'a-t-on fait à mon pays ? Je ne vois que destruction et dévastation. Je n'entends que gémissements et pleurs. Je ne sens que l'odeur de la fumée et de la putréfaction. Et cette grand-maman qui s'époumone : "L'enfer n'est pas ailleurs, c'est ici !" Et cette mère qui tient dans ses bras Le cadavre d'un de ses enfants. Et ces chiens et ces bêtes rachitiques Qui errent dans les citées dévastées, Les plaines et vallées ensanglantées.
Ô Syrie ! Qu'a-t-on fait à mon pays ? Et le silence des riches et des puissants de ce monde ? Et la trahison de nos dirigeants et chefs d'état ? Et l'indifférence de nos frères et soeurs du monde entier ? Qu'espérer de vous qui semblez nous ignorer totalement ? Oh rien ! Moins que rien ! Vous nous avez complètement oubliés ! Vous vous fermez les yeux pour ne pas voir notre tragédie ! Vous vous bouchez les oreilles pour ne pas entendre Nos cris de détresse ! Vous vous gavez la panse tandis que mes semblables crèvent ! Vous sirotez vin et cocktail pendant que nous, Nous mourons de soif !
Ô Syrie ! Qu'a-t-on fait à ma patrie ? Ah oui ! Je sais, je sais ! Ah oui ! Je ne vois devant moi Que ruine et chaos. On dirait un immense cimetière.