Qui aurait cru... Que tout cela aurait été inutile… Pourtant Messieurs notre député Et notre cher premier ministre d’alors étaient catégoriques : « Ce grand barrage Sartigan est LA solution à tous vos problèmes ! Vous pouvez oublier vos printemps cauchemardesques d’autrefois ! Toutefois, n’oubliez pas de voter pour nous vos sauveurs ! » Nos braves Beaucerons purent dormir sur leurs deux oreilles Pendant l’automne et l’hiver qui suivirent ces promesses consolatrices… Vint le printemps hâtif et sournois : Fonte rapide des mètres et des mètres de neige Pluie drue et abondante durant trois jours Les rigoles, rus et ruisseaux gonflèrent Les rivières se mirent à ressembler à des fleuves… Puis la Méchatigan ou la rivière Chaudière Se mit à faire la folle encore une autre fois Devant cette crue des eaux subite et gigantesque Elle est sortie de son lit en piaffant et ruant comme un cheval sauvage Qui n’aime ni le licol ni la bride Qui abhorre le harnais et la selle Qui déteste le box et l’enclos La rivière Chaudière, rebelle et farouche, Sembla avoir pris le mors aux dents comme jadis Balayant, lessivant et astiquant tout sur son passage Laissant pantois et amers nos braves Beaucerons Qui ont cru un moment au miracle de la technologie Et aux paroles mielleuses des politiciens. « Maudite débâcle, bâtard de torvisse ! » Les entend-on jurer et grommeler en nettoyant Leurs sous-sols, rues et commerces… Pourtant on leur avait promis que toutes les folies printanières De leur rivière auraient été classées choses du passé… Qui aurait cru... Que cette crue cruelle les aurait crucifiés si crûment ! Personne, oh non, personne !