Hier une benoîte des ruisseaux M'a donné un rendez-vous doux Au bord du lac... Je m'y suis précipité dans un élan fougueux Et j'ai scruté tous les alentours Tantôt à travers les hautes herbes Tantôt vers l'épais tapis de fougères Mais tu n'étais pas là ! Diantre, où étais-tu donc passée ?
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« Où étais-je donc passée ?" m'exclamai-je Avec tristesse et incompréhension. Je te jure, mon cher, J'étais là et même avant toi ! Je t'attendais avec tant d'impatience Et je ne tenais même plus en place Me hissant la tête au-dessus des quenouilles Pour mieux anticiper ton arrivée Mais un promeneur insolent et bohème M'empoigna par le cou Et m'arracha d'un geste banal, Puis me lança dans le lac Tout en poursuivant machinalement sa route Me laissant agonisante entre les flots. J'ai pu apercevoir un court instant Ton ombre vadrouiller et balayer l'onde Juste au-dessus de moi Avant de quitter à jamais ton monde... J'ai maudit mil fois tous les dieux du ciel De n'être point née nénuphar ou nymphéa Afin de pouvoir t'embrasser une dernière fois Avant de disparaître pour l’éternité !